La Pieuvre du Midi

Philippe Rappeneau, l’homme qui sait rassembler

Ah Douzens ! Aux portes de Carcassonne, ce charmant petit village donne envie d’y rester. Ancienne commanderie templière au pied de la montagne d’Alaric, il est situé au cœur d’un vignoble. À sa tête, on trouve Philippe Rappeneau, maire depuis 2008. C’est son prédécesseur, François Ruiz, qui lui a proposé d’intégrer le conseil municipal pour l’élection de 2001. À cette époque, Philippe Rappeneau était clerc de notaire à Mirepoix dans l’Ariège. « Je n’ai rien vu venir, mais lui, il avait déjà une idée derrière la tête », plaisante le premier édile aujourd’hui. L’idée de l’ancien maire était en effet de se trouver un successeur. Qui s’est présenté pour la première fois comme tête de liste en 2008 avec une petite opposition en face. « On a tous été élus, tous les 15. » S’il y a eu une opposition, c’est parce qu’il avait travaillé sur la carte communale, l’ancêtre du PLU, le plan local d’urbanisme. Comme souvent, ces modifications n’ont pas plu à tout le monde. « Cette opposition était plus personnelle. Aujourd’hui tout se passe bien. En 2014, nous étions la seule liste. En 2020, nous étions la seule liste également. » En 2026 ? Il se voit bien en tout mener un dernier combat et un dernier mandat communal.

 

Un homme de gauche, opposé au député (RN) Christophe Barthès

 
Philippe Rappeneau a des convictions politiques. Il est de gauche bien qu’issu d’une famille « qui ne l’était pas forcément ». Son petit fait d’arme est d’avoir été le maire d’une des seules communes lors de l’élection législative de 2022 où le candidat du Rassemblement National Christophe Barthès n’était pas en tête au second tour, l’autre commune étant Cuxac-Cabardès (*). « J’avais écrit à la population en 2022. D’ailleurs, dans tous mes discours, je m’engage que ce soit pour le 1er mai, pour le 8 mai ou pour le 11 novembre. Je suis un peu suivi » dit-il bien modestement. Ses outils de communication, comme l’application Panneau Pocket ou sa gazette, papier ou numérique, quatre fois par an, lui permettent aussi d’expliquer la vie municipale.
Son village est dynamique. Sa population est passée de 600 habitants à son arrivée comme maire à 800 aujourd’hui. « J’ai créé cinq lotissements communaux pour les primo-accédants ce qui fait 55 foyers. Aujourd’hui, je n’ai plus de réserve foncière mais nous avons une école dynamique avec cent gamins qui viennent également d’autres villages, l’ancienne gare est transformée en café. Nous avons un très fort tissu associatif, nous avons créé une affiche avec la clé des Templiers et l’Alaric en arrière-plan. Nous allons la vendre et offrir les bénéfices pour la lutte contre la mucoviscidose, maladie dont souffre le fils d’un conseiller municipal. Nous avons aussi créé le comité des fêtes et avons de nombreuses activités comme un marché de Noël ou un repas pour les partenaires du rugby ou encore ce week-end une pièce de théâtre. » Tous les ans, c’est lui-même qui fait son budget, le métier de maire étant, dit-il, « de plus en plus technique ». Et parmi les projets à venir figurent notamment celui d’un jardin partagé. Une de ses premières mesures aura été d’éteindre l’éclairage public la nuit.
La nouvelle population de Douzens se compose aussi bien de retraités avec un pouvoir d’achat intéressant que de jeunes qui vivent souvent en location. « Nous avons un policier municipal que nous partageons avec d’autres communes. J’axe surtout sur la prévention et je prône la réactivité. » Dans le civil, Philippe Rappeneau est notaire. Depuis deux ans, il cravache à monter le réseau NER, notaires élus de la République, qu’il a enfin pu présenter à l’occasion du salon des maires à Paris mi-novembre. Selon lui, seules douze maires et deux députés, ainsi qu’une centaine de conseillers municipaux, exercent ce métier. Philippe Rappeneau, lui, pose son cartable de notaire un jour par semaine. Le lundi, il le passe dans sa mairie.                         
 
APINS
 
* Sophie Courrière-Calmon était candidate contre Christophe Barthès. Son père et son grand-père ont été maires de Cuxac-Cabardès pendant plus de 50 ans.