L’UKRAINE LIBRE FAIT JASER...

Le jeudi 27 octobre, à 18h, dans la salle Zinga Zanga, le conseil municipal de Béziers, convoqué en urgence en séance extraordinaire, sera invité à valider le choix de Robert Ménard de nommer une allée du Champ de Mars (qui s’appelle la place du 14-Juillet) en “Ukraine Libre”, celle où ont été érigé les bustes des résistants emblématiques. Pourquoi cette allée et pas toute la place ? C’était l’idée du maire de Béziers à la base… mais cela ne semble pas avoir plu (mais alors pas plu du tout) à certains élus de la majorité “ménardienne” du conseil municipal et devant le vent contraire, Robert Ménard a fait machine arrière.
Il n’empêche que cette place est devenue très politique. Avant l’arrivée de Robert Ménard comme maire en 2014, il n’y avait que la statue de Jean Moulin, le héros martyr de la Résistance, natif de Béziers, inauguré par Jean-Louis Debré (alors président de l’Assemblée Nationale), à l’initiative du maire de l’époque, Raymond Couderc (UMP, 1995-2014). Il a depuis été rejoint par d’autres figures résistantes dans le monde comme : en 2018, Jan Palach, l’étudiant tchèque qui en janvier 1969, s’était immolé par le feu pour protester contre l’invasion de son pays par les forces du pacte de Varsovie en août 1968 et contre la fin du printemps de Prague ; en 2019, l’allemande Sophie Scholl – figure de la résistance antinazie avec ses camarades étudiants de la Rose Blanche, elle fut arrêtée par la Gestapo, puis exécutée en 1943, à l’âge de 23 ans ; en 2020, Jerzy Popieluszko, “aumônier” du syndicat Solidarnosc de Lech Walesa torturé et assassiné en 1984 par des policiers du régime ; en 2021, Giacomo Matteotti, député socialiste italien assassiné sur ordre de Mussolini en 1924 ; en 2022, Li Wangyang militant des droits du travail et dissident chinois, membre de la Fédération autonome des travailleurs, emprisonné par le régime en 1989 et mort en 2012 après 22 ans de captivité.
La raison de cette dénomination est à rechercher dans l’agenda (du 25 octobre au 5 novembre) du maire de Béziers. En effet, le 27 octobre, il reçoit Volodymyr Chmatko. En effet, le 27 octobre, il reçoit Volodymyr Chmatko son “collègue”, le maire de Tchorkiv, ville ukrainienne désormais “jumelle” de Béziers. C’est dans le cadre de cette visite que symboliquement, l’allée de l’Ukraine Libre sera inaugurée. En fait, contrairement au projet initial de Robert Ménard, ce n’est pas la place du Champ de Mars dans sa totalité qui va recevoir cette nouvelle appellation, mais juste une allée. Il se trouve que cette initiative – qui avait donné lieu à une première version de la délibération – avait suscité, le vendredi 21 octobre, des réactions hostiles de la part de certains adjoints de la municipalité (Elisabeth Pissarro ? Luc Zénon ?) qui seraient, semble-t-il, plus proches de Poutine que de Zelensky… à moins qu’ils craignaient de voir disparaître l’appellation officielle “14-Juillet”. C’est ce qui a contraint le premier magistrat biterrois la mairie à revoir sa
copie et à adresser une nouvelle version de la délibération.
Reste à savoir si tous les membres de la majorité municipale suivront à l’unisson la volonté “unilatérale” Robert Ménard, lors du conseil municipal extraordinaire du 27 octobre prochain, à Zinga Zanga. Rien n’est moins sûr.
Que tout le monde soit cependant rassuré, comme pour la place de la Citadelle (en fait Jean-Jaurès), le Four à Chaux (Halle des sports Alain-Barrau), le rond-point du taureau (François-Mitterrand) ou le Marché au Bois (Place du 11-Novembre), rares sont ceux qui à Béziers appellent ce lieu place du 14-Juillet. Pour tout le monde, c’est et ça restera le Champ de Mars…